Ironeec

Le temps a passé et les souvenirs s'estompent...

Nombreux sont ceux qui m'ont fait des promesses, m'assurant de leur compassion et de leur compréhension lorsque j'ai annoncé la nouvelle.

"On" m'a dit : bien sûr, tu prend du temps pour elle, si tu as besoin de quoique ce soit, n'hésite pas, si "je"/"on" peut faire quelque chose...

Alors j'ai dit : je peux gérer, pas de problème, par contre, je ne me déplace plus, je ne la laisse pas seule pendant une semaine si elle ne peut pas le faire.

Pas de problème, "on", "je" comprend(s) c'est naturel, on se débrouillera sans toi, on fera autrement, etc...

Le temps a passé, les souvenirs s'estompent.

• Tient, il faudrait faire une formation chez machin tel jour. On n'a personne, tu peux y aller ?
• Euhhh attends voir. Tu te souviens que je ne peux pas me déplacer facilement ?
• Oui je sais mais on n'a personne
• Oui, bon je peux m'arranger sur une journée, parce qu'il faut que je sois rentré le lendemain matin
• Oui mais le client il veut 2 jours
• Oui, mais non. Je ne peux pas
• Tu fais chi* ! Faut bien qu'on bosse quand même
• Peut être mais j'ai mes problèmes à la maison (souviens toi, je t'en ai parlé il y a un mois, tu as peut être oublié mais le problème est toujours là et il le sera encore pendant longtemps)
• Grmblbl

Autre exemple

• Tu étais où hier matin ?
• J'ai travaillé de chez moi, il fallait que je gère les enfants parce que Karine n'allait pas bien
• Il faut prévenir à l'avance
• J'ai prévenu les gars de mon équipe, j'étais joignable, et connecté par plein de canaux
• Oui mais si tu me le dis pas à l'avance, je dois te compter un jour de congé
• 8( Bah vas-y compte mois un jour...
• Non, c'est pas ça mais tu sais qu'on doit être sûr que tu travailles
• C'est marrant, quand je bosse la nuit ou les week ends, personne ne vérifie...
• Grmblbl

etc...

Le temps a passé, les souvenirs s'estompent. Mais les problèmes persistent.

L'alopécie est certainement une des phases les plus pénibles de la maladie et de son traitement. Après la douleur du début, évidemment.

Mais le fait est que depuis le début du traitement, comme la tumeur et les ganglions ont dégonflé, seuls restaient quelques désagréments dûs aux effets secondaires :

• Quelques nausées (mais assez peu)
• Des coups de fatigue
• Des fringales
• Des bouffées de chaleurs

Des choses pénibles mais pas insurmontables. Et puis, 15 jours après l'injection, à la date prévue en somme par les infirmières, les cheveux qui commencent à tomber. Le symptôme le plus visible de la maladie. Certainement le plus dur à assumer pour une femme.

Chose curieuse, les nausées ont été plus importantes durant la même période, comme si la non acceptation de cette perte de cheveux était liée à cet état nauséeux.

Alors nous sommes allé chez le coiffeur pour tout raser (elle est formidable ma femme, d'un courage incroyable) et tout est rentré dans l'ordre ! Plus de cheveux, plus de problèmes !

Au final, ce sacrifice des "derniers survivants" aura été salvateur. Il n'en reste pas moins que ça aura été une sale période à passer...