Après près de 2 ans de combat, Karine a été vaincue par sa maladie.
Elle nous a quitté mardi 18 janvier, à 15h10 comme me le rappèle son acte de décès.
Les derniers mois ont été durs. Les plus durs.
La douleur s'était installée depuis l'été. Un traitement de cheval a permis d'atténuer cette flambée, mais à quel prix. Ses dernières chimios la rendait malade à un point inimaginable. Elle partait le ventre noué, sachant que les 3 puis 4 puis 5 jours suivants seraient invivables tant les nausées et la fatigue seraient fortes. A chaque cycle, le temps de récupération était plus long. Et elle devait savourer les quelques jours de répits avant de reprendre le cycle suivant.
Mais à aucun moment elle n'a baissé les bras. Elle y allait en reculant mais elle y allait.

Puis, vers la fin novembre, elle a senti que la maladie reprenait du terrain. Les douleurs sont revenues et se sont ajoutées à son mal être permanent. Elle a serré les dents et a organisé les fêtes de fin d'année. Noël d'abord puis le nouvel an. Les deux à la maison, incapable qu'elle était de supporter un voyage en voiture plus de quelques minutes.
Début janvier, une consultation rapide chez l'oncologue et celui ci la place en clinique, près de chez nous, pour gérer la douleur qui devenait intolérable et ingérable à domicile.
Réticente au début, elle va finalement y passer quelques jours reposée. La morphine en continu et les traitements contre le mal de tête vont lui permettre de dormir de nouveau et de retrouver le sourire.
Sourire de courte durée, un IRM de la tête lui confirme ce qu'elle redoutait mais avait deviné depuis un moment. Des métastases sont montées se loger là haut et ce sont elles qui provoquent ces douleurs de migraines.
Un traitement est prévu, des rayons, elle a sa première séance vendredi. Samedi matin, elle va bien, même si elle éprouve de la fatigue et des difficultés à s'exprimer. En fait tout au long de la semaine, sa voix est devenue pâteuse, comme quelqu'un qui aurait bu. J'attribuai cela à la morphine mais en fait, ça se déchaine la haut et ce sont ses fonctions cérébrales qui sont touchées.
Samedi midi, elle a voulu se lever seule et a fait une chute. Quand j'arrive pour la voir avec les enfants, elle va déjà beaucoup moins bien.
Dans l'après midi, elle fait des crises de convulsion avant d'être endormie avec des doses de tranquillisant.
Dimanche, elle ne réagit quasiment plus. Elle arrive juste à grogner quelques mots, esquisser quelques mouvements.
Lundi, elle ne bouge plus. Sa tête est bloquée, tournée vers la droite. Je passe la journée à lui parler, à essayer de la faire vivre de nouveau, mais en vain.
Je vois le médecin dans l'après midi et il m'annonce que c'est la fin. La maladie est partout. Méningite carcinomateuse. Karine va mourir, c'est une question d'heures, de jours peut être. Je vais récupérer les enfants à l'école et leur annonce la nouvelle. Tous viennent voir leur maman une dernière fois. Ils pleurent mais ils savaient. Nous le leur avions dit, ils étaient préparé. Mais quand même...

Dans la soirée, elle réagit, mais la seule chose que l'on arrive à comprendre, c'est qu'elle souffre de nouveau, qu'elle ne va pas bien. On essaye de la soulager, de lui faire changer de position, rien n'y fait. Je vais voire les infirmiers qui vont la plonger dans un coma artificiel léger.
Je passe la nuit près d'elle. Elle dort. Les enfants sont chez leur cousine et ils ont bien réagit. Ils vont bien.
La matinée de mardi se passe. Je reçois la visite du père Jean-Baptiste, Aumônier au collège des grands. Il me dit qu'il a vu Adèle, la plus "grande" des jumelles et qu'il est venu pour Karine. Il lui administre le sacrement des malades. Dans l'après midi, elle reçoit la visite de quelques amies infirmières. Je profite de ce moment pour aller parler avec la psychologue de la clinique pour la gestion de l'après. On vient nous interrompre, Karine est en train de partir. Sa respiration s'est faite plus difficile soudainement et ses collèges de réanimation savent exactement ce qui se passe. J'arrive dans la chambre pour la prendre dans mes bras, lui dire les derniers mots. L'encourager à partir, que je gère la situation, que les enfants s'en sortiront. Qu'elle peut être rassurée. Qu'elle ne s'accroche pas inutilement.

Elle respire encore deux fois, faiblement et puis s'arrête. Il est 15h10.