EDIT : à la demande de certains intéressés, les prénoms ont été masqués

Faire ou ne pas faire confiance...

J'ai déjà abordé le sujet de la confiance (ici ou ) sur des aspects personnels. La confiance dans le couple par exemple. Je suis maintenant confronté à une question de confiance professionnelle.

Je discutai cette semaine avec P**, un garçon avec qui j'ai eu l'occasion de travailler un temps, qui m'entretenait sur le rôle du chef d'entreprise. Nous n'étions pas tout à fait d'accord sur le côté 'caractériel' dont il affuble l'entrepreneur, mois je préférais plutôt dire qu'il doit certes avoir son caractère mais surtout une ligne de conduite claire, quitte à paraitre parfois psycho-rigide, après tout c'est lui le meneur, c'est lui qui conduit.

Cela m'a amené à m'interroger sur le niveau de confiance que devait accorder le chef d'entreprise à ses collaborateurs. Je pense que l'on touche là un aspect essentiel de la fonction de dirigeant. Il faut savoir faire suffisamment confiance en ses collaborateurs (que l'on a choisi après tout) pour leur donner la chance de s'exprimer lorsqu'ils ont des idées à défendre. Savoir les écouter et modifier son point de vue en fonction du leur me semble être une ouverture d'esprit indispensable à la conduite d'une équipe.

C'est malheureusement quelque chose qui, je m'en rend compte maintenant, aura totalement manqué à mon cher ex P-DG.

Un bref regard en arrière me fait remarquer que finalement, il n'a jamais fait confiance à personne, sauf peut être à la mauvaise personne, pas de bol, qui sera la seule à jamais obtenir ce qu'il voulait, à savoir ne surtout pas se laisser distancer malgré un manque manifeste de compétence.

Ce manque de confiance se manifeste encore aujourd'hui vis à vis de Sébastien, lorsque j'insiste pour qu'il m'accompagne aux US.

C'est encore là un garçon avec qui on travaille depuis des années, qui maitrise parfaitement son sujet, mais qui, par timidité ou par manque de confiance en soi, est souvent resté en retrait, se limitant à un rôle d'exécutant.

Mais il a changé depuis quelques années, se déplaçant plus facilement chez les clients et prenant plus souvent la parole. Des évènements survenus en fin d'année dernière l'ont même finalement émancipé au point qu'il aimerait bien maintenant prendre une part plus active dans les prises de décision. Bien sûr, comme on le connait depuis très longtemps et qu'il n'avait jamais jusque là demandé quoique ce soit, il n'est pas naturel pour certains de prendre en considération ce changement.

Comme c'est quelqu'un que j'apprécie pour son travail et sa disponibilité, j'essaye quant à moi de le mettre un peu plus en avant (et puis après tout, il fait partie de mon équipe, je fais ce que je veux) Mais il est manifeste que G* n'approuve pas. Ce qui me confirme dans l'idée qu'il n'a été dirigeant jusqu'à présent que par opportunité (parce qu'il était actionnaire majoritaire) et qu'il tient à rester seul aux commandes. J'étais jusqu'à présent le trublion qui l'empêchait de diriger comme il voulait, je ne compte pas m'arrêter là. Surtout maintenant qu'il n'y a plus cette protection des associés, plus personne n'a d'action. Et ce n'est pas les contrats de travail qui ont été rédigés qui vont protéger qui que ce soit maintenant...

Bref, la confiance est quelque chose que le chef d'entreprise doit savoir accorder pour fidéliser ses collaborateurs. Il faut aussi savoir la renouveler et ne pas la rendre exclusive. De la même manière, il faut savoir reconnaitre les limites et les erreurs de ceux en qui on l'a placée, voir savoir la retirer. C'est quelque chose de difficile à faire mais de nécessaire. Je crois qu'on appelle ça ouverture d'esprit aussi...